nymphe et comètes. (nicola)

jour-orage, sourire au naufrage.
un pas, puis deux, puis trois, suivi d'un pas de deux maladroit,
cœur à la mer, âme entrouverte, danse solitaire, les yeux perdus, je la cherche, les gouttes énervées qui s'écrasent sur le bitume. (et mes lèvres fermées à clé, par la même occasion) agacée par cette valse de la pluie tout autour de mon être, mon pas s'accélère, mon asthme souffre, mon œsophage se serre, libérant un soupir.
ma sirène, ma nymphe, déesse des eaux calmes du quartier,
je ne te trouve pas, et de l'eau sale coule sur mes joues trop pâles,
les deux ou trois rayons de soleil osant faire face aux nuages courroucés brûlent (un peu) ma crinière sauvage,
ce liquide qui perle,
des larmes, ou de l'eau de pluie ?
et puis je jette un coup d'œil vide d'espoir au ciel, mes yeux clignent un peu à cause de la lumière du jour. un soleil, des nuages (par milliers), un ciel bleu-gris, des oiseaux horribles, mais pas de noir, pas d'étoiles, pas de comètes, même pas d'arc-en-ciel.
j'avance, j'avance, j'avance,
ma peau boit les gouttes,
mes yeux scrutent les arbres et buissons,
au loin la claire rivière,
royaume de la sirène aux cheveux d'or,
et je passe vite ma main sur chacune de mes joues, frottant mes billes (trop) humides,
masquant ainsi douleur et pleurs.
mes lèvres s'étirèrent en un espèce de sourire maladroit,

je sais,
faut plus s'en faire, on est bientôt arrivé, mon cœur,

la magicienne aux doigts d'argent m'attend, reposant ses pieds dans l'eau douce,
encore une trentaine de pas,
quelques minutes séparant orage et soleil,
tap, tap, tap.
- nico, tu vois, le ciel est moche.
je m'installe difficilement à ses côtés, l'effort de l'action se faisant ressentir, traversant mon échine, et cet énième soupire qui vient ponctuer mes dernières paroles. je n'ai pas la force de lui accorder un regard, mais un faible sourire égayait mon visage trop terne.

magicienne, offre-moi du bonheur en étincelles.

L'orage met ses bottes. Il se prépare, il se fait beau. Il ne veut pas qu'on passe à côté de lui sans le voir, alors il a décidé de passer au dessus de nous. Je ne le trouve pas très fin. Comme un gros monsieur un peu facétieux.
Moi je l'attends, avec mon sourire et mes soupirs. Il est si lent. Dame-rivière veut sentir son souffle court sur son dos de velours. Dépêche toi, orage !
C'est l'amour de la nature. C'est la nature de l'amour. La plus belle des histoires, que le court d'eau me raconte, parfois, dans ses bons jours.
Il y a la pluie qui les lie, qu'il dit. Et moi, un peu aussi.
J'ai les pieds dans l'eau et la tête dans les nuages.
Je suis chez moi ici.
Plus que nulle-part ailleurs.
J'aimerais que tous ressentent cela. Mais ça ne marche pas pour tout le monde.
Parfois ça rate. Parfois la mécanique des étoiles ne marchent pas. Les rêves ne fonctionnent plus. C'est la porte ouverte aux monstres-malins et aux malins-monstrueux.
La petite fille qui s'assoit tout près de moi, je la sens avant de la voir. Son corps est béant, c'est un petit bout de chair-pas-vraiment-chair-parce-qu'il-y-a-de-minis-comètes-à-l'intérieur. La porte, elle s'est bien installée dans l'ouverture, avec ses bagages-enclumes, des pots de confiture remplis de regrets et de larmes à l'intérieur. Et les monstres-fantômes, ils font du bruit et ils sont gelés.
Alors c'est sûr qu'Horla, on peut palper son cœur de loin.
Ça me donne des envies de colère genre torrent qui s'abat très fort sur les gens. Ce genre d'endroit que les plus courageux essaient de traverser en canoë.
Une colère de jour d'orage.
Mais je me contente de l'écouter. De froncer les sourcils.
Elle est mystérieuse, cette comète. Les choses cassées sont comme ça.
- Beh non, le ciel il est beau, regarde. T'as vu les couleurs, elles coulent dans l'eau ? J'aime bien ce bleu, c'est le même que t'as dans les yeux.
Je tourne la tête vers elle. Un regard, caché sous de longs cheveux ébouriffés. Je les repousse, mes cheveux. Je lui montre que moi je suis bien, là. Que c'est beau, que ça me rend sourire, et que ça pourrait marcher pour elle aussi, si elle levait les yeux jusqu'aux cieux, au lieu de s'arrêter à mi chemin.
De toute manière, l'invité va bientôt arrivé,
on ne peut pas le laisser.
Je ne peux pas l'abandonner.
Qui ça ?

Et puis, y'avait des flûtes horribles qui sifflaient leur mélodie au creux de ma gorge,
Respiration courte, est-ce la fin du calvaire, de mon calvaire ?
Vais-je voir la vie comme Eden durant un court instant, un noir nuit s'imposant comme un rouge, un vert, et toutes les couleurs de l'arc-en-ciel ?
Et puis après, ne plus jamais ouvrir les yeux, me faire bouffer par des pigeons idiots et des insectes hideux ?
Hideux et idiot
Idiot et hideux
(consonnance si similaire)
Suis-je vouée à ces adjectifs pour la vie ? (pour la mort)

Le ciel était gris (et hideux, et puis les nuages étaient idiots aussi, et le soleil était trop lâche pour se pointer) comme mes sentiments que trop peu vagabonds à mon humble avis. Les barbapapas cons se mettaient à pleurer à froides larmes. Un peu, goutte par goutte, une sur mon nez, et une autre venant accompagner mes larmes sur ma joue.
Assise, je m'imprègne des paroles de la jolie sirène à la voix enchanteresse. La gamine heureuse, peut-être au destin foireux. (c'est nul le destin) Mais peut-être qu'elle s'en fiche, elle. Elle préfère vivre chaques secondes comme elles viennent, boire chacun de ses rires aux éclats, noyer sa tristesse. (ça a l'air si simple dit comme ça, comme un morceau de piano, et pourtant)

- Le ciel est gris, et les nuages commencent a pleurer. Je suis triste pour eux moi, tu crois que tu pourrais les faire sourire ?

Nico, elle est magicienne, je l'ai vue faire, mouvoir ses doigts de fée au gré du vent, au même rythme qu'un abracadabra chantant. Je l'ai vue, un jour, elle m'a fait rire rien qu'en parlant de la rivière. Et puis, un jour, elle a dansé, les yeux fermés, la tête vide, et d'un coup un arc-en-ciel s'est dessiné dans le ciel.

Je la regarde un peu de travers, le temps d'un murmure court des vagues, et je vois qu'elle se recoiffe. Je l'imite, un peu conne, passant mes doigts usés derrière mon oreille.

- Dis. Tu trouves que je suis jolie, comme toi ?

Oups, question gênante.
Après tout, qu'est-ce-que j'ai à perdre.

Elle pose ses questions comme on hurlerait au secours, Horla. C'est silencieusement empressé. Pour lui expliquer il me faut
des mots
des gestes
un sourire
un petit rire
(versez et mélangez le tout, puis faites chauffer dans un four à cent quatre-vingts dix degrés, vous obtiendrez du rêve, saupoudrez de sucre glacé, servir avec du chocolat chaud
le tour est joué)
- Mais les nuages ils sont pas tristes Horla ! Ils pleurent de joie, leur ami arrive !
Tu peux le sentir Horla, gronder après ces nuages empressés.
Tu peux y croire Horla. Et ne viens pas me dire des choses qui n'en sont pas.
Ça me fait rire intérieurement jaune comme de l'œuf. Il faut tout t'apprendre, à toi.
Alors je me penche vers elle, et je prends ses joues entre mes doigts,
esquisse de grimace-sourire
sur ses lèvres-mortes
sur ses pales joues
qu'un baiser pourrait peut-être réveillées.
- Depuis qu'on est petites, toutes les deux, je vois les gens sourirent en te voyant, petit rayon de soleil ambulant, et puis les garçons ils se retournent sur ton passage, ils veulent te croquer des yeux, et les petites filles, elles pensent que t'es une princesse.
Baiser sur le nez. Ne dis pas de bêtises, Horla. Fais-les.
Je me lève, je remonte ma jupe qui vole tellement que je pourrais décoller moi aussi.
- Je sais comment les faire pleurer de rire, oui. Et tu vas m'aider. Tu seras mon assistante, d'accord ?
Elle ne peut pas refuser. Hein, dis ? Moi je ne peux pas la lâcher.

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