comme un dimanche // calusch

nusch x calu

comme si la pluie tombait, qu'le ciel était gris.
j'esquisserai un sourire parce que tes yeux brillent.
j'te dirais pas que j'déprime mais qu'j'me sens comme un dimanche

Lorsque j't'ai vu, j'ai su qu'il fallait que je m'asseye, que je pose mes fesses sur le bitume et qu'j'regarde l'ciel. J'me suis souvenue de ce qu'on m'avait dit quand maman est partie < elle est là-haut >. Ce que je n'ai pas compris lorsqu'on l'a enterrée en bas. J'ai pas compris. Pourquoi la mettre en bas, alors qu'elle est en haut.

Vous n'avez aucun sens, bon sang.

Et puis ce vieux a cru bon de m'expliquer l'avant, les légendes. Peut-être que ça a existé, peut-être pas. Et si c'était un mythe, un mensonge pour se réchauffé le coeur. En tout cas, on m'a dit de se rapprocher de ces maisons. Grand toit, grande pointe, grands murs et jolie cloche.

C'est toi la cloche d'y croire.

Ce sera comme chez toi, ma belle, tu y seras toujours la bienvenue, je te promets. Où que tu sois, ce sera ta maison.

J'en avais jamais vu. Peut-être que je me goure, peut-être que c'est pas ici, ma maison. Peut-être que ma maison c'est sous terre, avec maman.

N'empêche, elle est là. Luca, elle est assise comme une idiote en attendant l'illumination divine. Elle est au bon endroit, devant cette église qu'elle ne connait pas, elle sait même pas comment ça s'appelle cette maison, en tout cas elle a pas l'impression d'être chez elle. Peut-être parce que ce n'est pas toujours un lieu. Mais, ça, c'est une autre histoire.
Pour l'instant, Calu, elle pleure. Elle chouine, toute seule, sous le ciel, qui ne l'accompagne pas dans ses humeurs, pour une fois. Il est radieux, il sourit, il a l'air heureux. Alors qu'elle pleure, elle. Les larmes ne coulent pas, mais elle a mal au coeur. Elle a envie de vomir, elle se tient le ventre. Elle a mal à la tête, elle l'attrape fermement. Elle a mal aux pieds, elle s'assoit.

Maman, quand est-ce que tu auras raison ? Et comment je le saurais ?

le goût des larmes.
Le soleil creuse des sourires sur la plupart des visages rencontrés aujourd'hui. Dans la besace, une boîte de bonbon, autour du cou, le chapelet, dans les cheveux, une fleur blanche piquée dans le chignon que grand-mère à fait. Aujourd'hui, elle l'a appelée maman sans le faire exprès, ça l'a fait rougir et elle a voulu partir vite, pour oublier la bêtise. La vieille a sourit, certainement a-t-elle trouver la chose attendrissante.

Elle comprend, elle ne lui en voudra jamais.

Et déjà, Nusch s'envole pour semer des étoiles ailleurs que dans là. Et les gens disent bonjour Nusch, soulevés les chapeaux, envolés les visages tristes, on sait que c'est tout là-bas qu'elle va, près de ce bâtiment miraculé qui date d'antan.
L'ombre de l'église croque sa silhouette gracile, croque le paysage. Nusch sourit.
Dans ce moments, elle est plus Nusch l'orpheline, Nusch la constante égarée, Nusch la muette ; elle est juste Nusch avec sa robe évasée et sa besace à franges. Nusch qui s'en va prier.

Mais y'a comme un nuage gris près de l'église. Le nuage, c'est Calu. Calu elle et là, comme un astre blessé, et ça l'attriste un peu beaucoup Nusch de voir Calu comme ça.

Sois pas triste, faut s'accrocher aux rayons du soleil quand on peut.

De sa musette elle sort la boîte à bonbons s'en va vers Calu, petites foulées sur le bitume abîmé par le temps.

Pourquoi tu pleures ? Elle est comme ça Nusch, directe et douce. Elle tend sa boîte de bonbons et se met presque à genoux pour voir Calu d'en-dessous, pour pas la brusquer. Ça l'attriste de la voir comme ça. Pleure pas.

Et puis quelqu'un est passé. Cette personne, elle, s'est même arrêtée.

Un peu comme un éclair dans ce ciel radieux, elle était là, alors qu'elle ne devrait pas. Etrange, intéressante, mystérieuse. Calu a senti sa présence, sans vouloir lever les yeux sur ce personnage. Sans comprendre pourquoi.

Que veux-tu ? Qui es-tu ? Pourquoi ici, et pourquoi moi ?

Mais aucun mot ne sortit de la bouche en pont de la jeune fille. Elle ne voulait peut-être pas faire le premier pas, alors qu'elle était assise. Peut-être qu'elle ne voulait pas se jeter sans parachute.

C'est l'inconnue qui a sauté, qui a illuminé le ciel.

Brak, brah, et autres onomatopées pour décrire le bruit de cette lumière qui fracasse le sol.

Elle ferme les yeux. Elle ne veut pas voir la lumière, elle ne veut pas être éblouie. Elle veut garder ses sens en éveil. Elle veut l'entendre, la sentir, la humer, la voir et peut-être qu'un jour elle la goûtera.

C'est partir trop loin, dans un voyage trop long, mais elle était enterrée et voilà que cet éclair la déterre. Ca n'a pas de sens. Elle secoue la tête mentalement.

Mais elle a l'air d'être tant, de choses. Elle s'est assise pour la regarder, pour voir ses larmes. Elle ne veut plus les voir.

- J'pleure pas. J'ai pas de larmes. Plus.

Elle relève la tête et lui montre fièrement son visage sec. Ses larmes coulent à l'intérieur de ses joues, ne formant aucune cascade sous ses yeux, elles ne sortent jamais de leur lit, elles restent toujours endormies. Mais elles font des cauchemars toutes les nuits.

- J'peux avoir des bonbons ?

Peut-être leur goût sucré me fera du bien ?

Contenu sponsorisé

» COMME DES ENFANTS
» ๑ comme des enfants en cavale (colombe)

comme un dimanche // calusch

comme un dimanche // calusch

Sujets similaires

Sujets similaires