TOUT LE MONDE (1, 2, 3, soleil)

Il y avait souvent des horreurs, mais surtout du bonheur. On se battait, on s'aimait trop, et puis on mettait nos sentiments sur pause. Comme là. Y avait tout le monde. Nico-la rivière et tous les autres. Pause. Comme sur un lecteur cassette. Moi je regarde. C'est ce que je fais le plus. Le mieux. Regarder ça fait pas mal et ça fait pas pleurer. Alors ça va.
À SOLEIL fallait s'arrêter d'exister, statue de vie. Les petits surtout ils y arrivaient pas, mais les grands, fallait les voir. 1 / 2 / 3 / SOLEIL ... Statue. Plus un cil en l'air. Y avait celui qui comptait et ceux qui posaient, des princesses de glace, des soldats d'acier. 1, 2, 3, soleil ! Et le vrai soleil de là-haut jouait à cache-cache dans les cheveux blonds, au feu de joie dans ceux qui étaient plutôt roux. On était majestueux je te jure, magnifiques.
Soleil.

Spoiler:

Tout le monde dans un jardin.
Tout l'univers au creux ne nos mains. De leur mains, un peu plus. Moi, je me contente de ma rivière. Toujours. D'ailleurs, je l'entends qui m'appelle. - Nico ? Où es-tu, Nico ? J'ai besoin de tes fleurs, Nico. J'ai besoin de ta peau. Pourtant je reste, cette fois. Je ne peux pas résister, je ne peux pas les laisser
- jouer à un deux trois soleil sans moi (!!!)
- gagner alors que j'ai eu tant de temps pour m'entraîner.
Alors je reste et je danse. Avec ma famille-humaine. Les étrangers connus. Puis je retournerais là-bas. Chez moi.
Pour le moment, pas de chat,
pas de deux,
pas de faux-pas,
valse à quatre temps.
UN/DEUX/TROIS/SOLEIL.
Je suis le calme plat. La rivière retient son souffle pour moi.

Soleil.
La vie s’arrête.
Les souffles se taisent,
on ne bouge plus,
plus un geste.

Epouvantails.
Tu nous verrais,
tu me verrais,
avec mes cheveux brins d’herbe,
ma robe à l’envers,
et mon sourire
soleil.

Nuages.
La vie recommence.
Le soleil est passé.
Les visages s’animent.
On avance à grands pas.

Soleil de nouveau.
On fait semblant.
Mais les couleurs ne mentent pas.
Les joues sont rouges,
les yeux pétillent.
On ne peut pas tromper la vie.

Moi tu sais,
la vie je l’aime.
La vie,
je la croque comme des fruits,
je la peins avec des couleurs sur le visage,
je la dessine derrière les yeux des endormis,
je la regarde et je lui souris.
La vie,
je grimpe dessus comme en haut d’un arbre,
et tout est si beau là-haut,
tout paraît si petit
et à la fois si grand.
La vie,
est immense.

Soleil.
Immobile.
Et si je tremble,
je ne tomberai pas.

Tout là-bas, tu regardes avec ta main en guise de parasol, pour éviter les rayons trop gouailleur d'un soleil rieur. Et tu t'avances vers le jardin, et tu tends l'oreille, et tu deviens statuette de bois au milieu des monuments. T'en meures d'envie -faire coucou, signe de la main, rire, sautiller sur un pied.
À trop appeler le soleil, on finit par le rendre envieux. C'est pour ça qu'il est si proche, qu'il caresse les peaux, fait briller les mèches dorées.
Y'a Thimon tout là-bas, y'a elle et elle aussi, tu les connais tu les as vu ici et là.
Soleil.
À cloche-pied, tu vacilles, tu t'écroules, tu ris aux éclats, la mèche de cheveux devant tes yeux te donne un air gaga, regardez-la, elle est tombée, elle doit tout recommencer.

Et si j'étais une plume ? Au premier coup de vent, badaboum, je m'envole et m'écroule.
Et si j'étais une plume ? À chaque soleil, les fesses dans l'herbe, les yeux fermés et sur les lèvres, le livre, cristallin, trop léger pour exister, du duvet moelleux d'un oisillon devenu grand.
1, 2, 3, j'avance comme je peux, soleil, immobile, j'observe, autour, les étincelles, sur pause, le sourire au coin des yeux, à deux pas au-dessus du sol.
Et si j'étais une plume ? Moi c'est pour de vrai que je m'envole, que j'embrasse le sol, que je perds et que je fais demi-tour, toujours. Courir à l'envers, toujours revenir de là d'où je viens.
Et si j'étais une plume ? Il me faudrait tricher, trouver une montagne, à laquelle m'accrocher. Enfoncer mes ongles, presque, dans sa peau, pour de faux. Une montagne pour ne pas m'envoler. Une montagne avec des racines, loin sous la terre.
1, 2, 3, pas de géant. Il y a bien cette pierre de rien du tout, pas vraiment montagne, qui roule par terre et qui rit – pépites qui rebondissent partout entre les statues de sel, les statues d'un instant seulement.
Dis, Nusch, on retourne à la case départ, toutes les deux et tu joues à la montagne ? On pourrait gagner, toutes les deux, une plume pour s'envoler, une montagne pour garder les deux pieds sur terre.
(Un peu bancale, ma montagne, un peu de traviole, et alors ?)

Il y avait des jours où l'on était tous là... Chacun à sa place, jouant la partition que monsieur le destin avait écrit pour lui. Ce jour-là c'était pareil , un jeu simple, un 1-2-3 SOLEIL. Moi, je ne jouais pas. J'étais à l'écart regardant les grands, amusants les petits en faisant des grimaces, mais surtout je dessinais. Je montrais à ma sirène, ce qu'était la vie en communauté, ce qu'on faisait tous ensemble. Un petit personnage croqué à chaque Soleil, rendait le tableau vivant. En regardant de plus près on avait même l'impression de voir les petits bonshommes immortalisés sur le papier se mettre à bouger, à courir à sauter, comme dans un film...

Je m'amusais à les entendre rire, prenais plaisir à les faire vivre sur le papier. C'était drôle de voir comment les timides prenaient de l'espace au dépit des plus volubiles. Dans une ronde frénétique, les rôles s'échangeaient inlassablement. Moi, j'étais heureux, je respirais leur bonheur de ces instants de félicité, J'avais envie hurler merci, merci à n'importe qui, au soleil, aux étoiles à Dieu...

Quoi que non, pas Dieu... En plus, je n'y croyais pas, et n'y croie toujours pas d'accord. Je ne veux pas croire en un être qui laisse faire les horreurs de l'humanité, les guerres, les massacres... Mais je ne veux pas penser à cela, pas maintenant en évoquant ces souvenirs heureux. Je préfère me rappeler de la suite de l'histoire, même si pour cela votre aide me serait bien utile.

et donc ouais, dieu, passe le bonjour à elia. salut elia ! je lève la main comme pour dire salut. j'espère qu'ça va là-haut. qu't'as tes plus beaux vêtements et que t'es pas trop fâchée contre moi. j'espère qu'ça va là-haut, qu'les hommes font pas trop la guerre. "amen" silence lourd. papa regarde. loup à la barbe longue, peau rêche et brûlée par le temps. j'ai besoin de voir le soleil.

soleil. là-bas. ombres au sol, équilibres aléatoires. soleil, j'entends. ça tombe. éliminé. paf. barré par la vie.
un, j'avance.
deux, je pousse un peu nico.
trois, distance de sécurité.
soleil. pas un geste. mais je rigole. j'sais pas, moi. on a l'air cons. un peu heureux peut-être, mais un peu bêtes aussi. j'ai perdu ?

moi ça m'emmerde, les jeux d'enfants. j'en ai trop vu des gamins s'amuser à s'écorcher les genoux, j'en ai trop vu des gosses jouer à rester en équilibre sans bouger debout. un, deux, trois, j'aime plus les mots qui riment comme ça. avec toi papa. avec toi lia. et puis moi, mia. qui suis toujours là. mon anniversaire est dans dix jours, dix ouais, et j'ai hâte que le nombre de mes années passées ne soit plus égal à vingt-trois. trois, ça rime trop avec toi. toi, toi, vous tous là-bas. des petits et des grands. ils ont l'air bête, comme ça. de loin. de près aussi, je crois. et on peut pas le laisser tranquille le soleil ? j'attrape une chaise et je m'asseois dessus en indienne. vingt-quatre c'est bien, ça rime avec rien. j'ai pas envie de jouer, moi. je préfère observer les ombres et les silhouettes gesticuler, se presser puis se figer, immobiles, comme un film que l'on mettrait sur pause un peu trop longtemps. certains tombent, certains prennent les choses très au sérieux. j'aimerais qu'ils restent sur pause un plus long moment. que je puisse observer les traits et les attitudes de ces personnes que je connais déjà trop bien, mais dont j'ai tant à apprendre encore.

Indemne. Je sors indemne de cette bataille-chimère où les soldats
tombent
se retrouvent à l'arrière
et veulent retourner directement au front.
Ça me ferait un peu peur, si je pouvais les voir. Mais mon attention va au mur proche. J'y cours, tout droit ~~dans~~ vers le mur.
Je veux gagner cette guerre d'enfants, que j'ai gagné tant de fois contre le torrent.
UN/DEU-
Un objet non identifié m'a percuté.
Désolé, les gars, j'suis touchée.
Il me dépasse, c'est Ali rapiécé comme son ballon d'foot et tout aussi empressé.
SOLEIL.
Je suis l'orage mécontent qui arrive sur lui. Je lui fais perdre sa position de statue-rieuse en lui sautant sur le dos,
vraiment c'est pas du jeu.
- T'as fais exprès ali !!
La déesse de l'eau soupire. Je perds par la même occasion mon statut de sirène et le jeu.
Tant pis,
j'ai trois ans.

"non t'as pas d'équilibre j'y peux rien" moi aussi j'suis tombé. bam. la rivière recouvre la terre. comme une crêpe. "eh j'ai pas perdu c'est la faute à nico" mais personne écoute. un deux trois soleil, puis moi j'suis un peu dans l'ombre je crois. herbe fraîche, j'm'ennuie. y'a mia là-bas. si on allait l'embêter. debout, j'attrape les jambes de nico et j'la soulève comme un poirier. "équilibre allez" cette manche c'est fini. un, deux trois, on n'est plus là. ils sont loin. "viens on va chercher mia" quatre secondes et j'la libère. sourire sur ses joues d'enfant. nico la petite qui panse mes plaies. j'lui ébouriffe les cheveux, comme j'faisais à lia parfois. allez gamine. on va secouer le monde. soleil. trois. deux. un. on a le droit de jouer? c'est écrit dans les règles?
parfois on s'dit qu'la guerre - la gueeerre - a emporté l'âme de nos vieux. et qu'nous, du coup, on en a été dépourvus à la naissance.

Aujourd'hui, Io descend de sa colline,
pour aller voir du beau monde,
il a une brindille coincée entre les lèvres, et un sourire qui s'étend d'une oreille
jusque l'autre,
et puis sur lui, rien d'autre, pas même une mini-fiole de chance dans les poches, non juste ses mains.
Paraît que c'est jour de jeu, un ancien est venu l'y convier ce matin, au beau milieu d'un échange de crème envol-douleur contre des pommes de terre et des carottes. C'était de la simple politesse, mais Io il s'est dit
"et puis pourquoi pas ?"
Alors il est descendu de la colline,
ses cheveux neige narguant le soleil,
un,
deux,
trois,
tu ne m'auras pas.
Io ne joue pas, jamais,
il est loin, se fait discret,
il se trouve une place à l'ombre d'un arbre, s'assoit et regarde les autres courir, danser, s'arrêter, tomber, rire aux éclats
et puis tout recommencer.
C'est un peu curieux, tout ça lui est étranger.
Il tend l'index et le pouce de sa main droite, les autres doigts restent pliés,
c'est comme dans les vieux livres de sa bibliothèque (pan pan) quand il pointe, vise,
les enfants tombent.
Bientôt, les regards se font mauvais.
Ici, c'est Io l'étranger.

C'est la faute à Nico, qu'il dit. Mais c'est pas moi qui-
Je me transforme en sac à patates. Je lui donne quelques faux-coups de fausse-méchante avant qu'il me relâche.
- Moi je voulais gagner.
C'est pour ça que je suis là. Je lève les yeux au ciel comme s'ils allaient pêcher les rayons de soleil. Ali, il énerve à sa façon,
plus énervante que toutes les autres. Enfin on peut s'empêcher de sourire, si on se concentre,
mais pas moi.
Il cherche Mia. Je la vois assise sur une chaise, plus loin. Elle me fait penser à une princesse gelée. Ça me fait de la peine. Je me dis que les humains font ce qu'ils peuvent.
C'est triste quand même. Ça fait peur, un peu aussi.
Un peu plus que ce blond-bandit, plus loin encore que la princesse d'Ali. Il me fait froncer les sourcils. Je ne savais pas que c'était si amusant de faire semblant de tuer des gens.
Quelques pas
un deux trois
soleil qui éblouit
un deux trois
Silhouette qu'on distingue.
J'aperçois l'air boudeur de Mia
le visage du bandit. C'est l'enfant-sorcier. Celui qui habite au dessus de la colline. Alors lui aussi il joue aux soldats ? Il n'est pas différent des autres garçons.

Y avait Nicolarivière, Nita la farouche, Nusch qui voulait ramener un peu d'espoir dans les veines de tout le monde, une nouvelle drogue - Sahar qui était comme le sahara mais sans le a à la fin, ah ! Non. Soledad avec son (ses) histoire, Ali qui faisait croire que les autres se trébuchaient dessus mais c'était lui qui les poussait, en fait, hein Ali, y avait Mia : Ali l'aimait bien.
Et puis y avait lui.
Des cheveux-neige-décembre, une odeur d'ailleurs, non mais c'est qui lui ? Pourtant c'est comme si je l'avais déjà vu, mais très vite, comme un éclair d'orage, genre, il est venu, puis parti, et on l'a plus revu.
- Tu es qui ?

Contenu sponsorisé

» soleil d'hiver
» (m) POUR SENTIR LA SAVEUR DU MONDE

TOUT LE MONDE (1, 2, 3, soleil)

TOUT LE MONDE (1, 2, 3, soleil)

Sujets similaires

Sujets similaires