j'cherche mon chemin, j'fais des détours ce soir j'oublie tout et quand j'repense à se jour j'me dis qu'la vie est courte, on partira tous un jour alors j'm'en tape de vos discours, derrière le bonheur moi je coursLuca, Calu, petite enfant déchirée, découpée à qui on a enlevé une moitié d’elle à sa naissance.
Où es-tu moitié de moi ?
Pas par ici, ni par là. Surtout pas dans ce trou. Peut-être que c’est lui, pourquoi pas lui ? Essaie les tous, ma douce, essaie chacun de ces garçons pour voir s’il te complète.
Amour,
baise,
flirte,
restaurant et chambre noire.
J’essaie, j’essaie, ce n’est pas en restant immobile que l’on trouve son bonheur. Il faut fouiller, essayer, tout. J’suis entreprenante, j’ai cette réputation,
salope, pute,
catin, putain,
prostituée, dévergondée
gourgandine,
ribaudedébauchée, dépravée
pourquoi je fais ça ? J’sais pas, j’comprends pas. Maman…
une larme coule, le long de ma joue.On te dit que tu es une mauvaise fréquentation, une infréquentable. Et tu chantes, tu cris, tu hurles que tu t’en fous, que ça t’es égale. Tu trouveras. Tu mets ce bruit dans tes oreilles, ces insultes d’outre-atlantique, pour te donner du courage face à eux, face à la vie.
Tu les écoutes pas, tu les entends, tu ne peux pas les muer, les faire taire. Tu cris, c’est aigue, ça brise des vitres. Personne t’entend, tu continues de crier, à pleins poumons. Tu n’as plus d’air. Tu t’écroules.
Alors j’continue, je tremble de froid. J’ai froid, j’ai mal. Je me relève, je trouverais le chemin qui me mènera vers lui, vers elle, elle, elle,
elle.
J’secoue la tête. Non, enfin peut-être. Elle ? Comment. J’ai plus temps, j’ai pas l’temps. Faut que je cours, que je hurle.
L’avez-vous vu ? Est-il par ici, ou par là ?
J’ai pas l’temps, la mort arrive, elle est au coin de la rue, juste à côté. J’sens son odeur, j’l’ai déjà vu, l’année dernière, elle était derrière la porte. J’étais au fond de mon lit, j’avais peur, j’ai peur.
Maman, pourquoi ? Pourquoi toi. Tu me comprenais, tu cherchais toi aussi. C’était pas lui, c’était peut-être moi. Je trouverais pour toi, pour moi. J’me comblerais, cette moitié me recollera.
Je n’abandonnerais pas.
Jamais.
Pour toi maman.
Elle en a eu marre, elle n'avait plus rien à faire.
Elle avait tout fait, tout essayé.
Elle est partie, à pieds.
Un sac et ses souvenirs, le dos courbé.
Elle n'a pas pleuré, juste marché.
Jusque ici, jusqu'à elle.
Juste pour elle.